Tout brûler, des chevaux lents et une Chappell
Dans cette édition, je partage mes coups de cœur littéraires, une série captivante et une délicieuse recette.
Salut,
Ces dernières semaines, j’ai dévoré et adoré Intermezzo, le dernier roman de Sally Rooney.1 Il est de bon ton de détester les femmes qui rencontrent un grand succès, alors évidemment beaucoup de gens adorent détester ce quatrième roman. Je lui trouve quelques défauts (des femmes aux physiques fragiles, pâles et frêles, une propension à imaginer le sexe idéal comme se passant de mots), mais je n’y peux rien, Sally Rooney ne cesse de m’ébahir. Dans Intermezzo, peut-être le moins romantique de son œuvre jusqu’alors, il est surtout question de ces deuils qui peuvent briser des liens, en créer d’autres, en renforcer certains — de ce moment d’une grande vulnérabilité quand on perdu quelqu’un, et que tout semble sur le point de chavirer.
J’en ai aimé le style woolfien du point de vue de Peter, avocat dépressif dont l’accent irlandais s’entend jusque dans son monologue intérieur, et j’ai aimé la grande tendresse qui émane de toutes les narrations. Rooney ne veut que notre bien à toustes, à ses personnages y compris, et même dans leurs lacunes et leurs détresses, elle les dépeint avec une grande compassion qui me touche profondément. Je crois que quand je lis Sally Rooney, je me sens vue dans mon humanité la plus poignante : égoïste, mesquine et pourtant, désespérément en quête de liens solides avec mes fellow humans.