Le dilemme de la pile à lire et autres circulations enthousiasmantes
À boire et à manger n°6 - mars 2023
Salut,
Je suis toujours dans une phase de lecture boulimique. Fin février, sur mon groupe d’écriture, on a fait une semaine de marathon où chacun·e fixait son propre objectif de lecture, et le mien était d’écluser ma pile à lire d’essais. Je dis “écluser” parce que si le but de la semaine était de lire un maximum de livres, moi je voulais surtout diminuer le nombre d’ouvrages que je possède et que je n’ai pas encore lus, et ça peut vouloir dire dans mon cas : les jarter, tout simplement.
Écluser
En fait, je reçois beaucoup de livres en service presse, et surtout beaucoup d’essais – c’est ça, d’être la féministe qui parle de toutes ses lectures, j’imagine. Et c’est super parce que du coup je ne paye pas plein de livres, mais il arrive assez souvent qu’on m’envoie des trucs qui ne m’intéressent pas, ne serait-ce parce que je ne les ai pas demandés. Un peu comme si on vous mettait sous le nez un grand buffet de bouffe, tout a l’air super, mais en fait vous n’avez juste pas faim. Et je me retrouve à être polie, à les mettre sur mon étagère de livres à lire, à les regarder, en me disant que l’appétit vient en lisant. Parfois oui, parfois non. Souvent… non. J’entretiens une certaine forme de culpabilité face aux livres qui végètent et que je ne lis jamais, parce que je sais très bien à quoi servent les services presse : à créer de l’intérêt, à faire fonctionner le bouche-à-oreille, l’influence, la prescription, la recommandation, la circulation. Quand on m’envoie un livre, quelqu’un quelque part espère sûrement que je vais le lire, l’aimer, et en parler autour de moi.