L’ange du foyer
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Salut,
C’est très étrange pour moi d’écrire cette dernière lettre avant mon départ, alors que je me sens à mille lieues des au revoir. Comme de toute façon il y aura toujours des lettres gratuites pendant mon congé, ce n’est pas plus mal, pas besoin de sortir les violons et de rester sur le pont jusqu’à la fin du naufrage, mais quand même. Quand même. Je commence bientôt, enfin déjà maintenant en fait, un nouveau chapitre de ma vie et il n’y aura pas de bafouille hebdomadaire pour consigner mes découvertes.
Tant mieux aussi, là également. Je crois qu’il est des choses qu’il me faut vivre intensément avant de pouvoir les mettre en forme pour les partager. Quand Sarah du podcast Mon post-partum m’a demandé si je comptais écrire sur ma grossesse, sur la maternité, j’ai répondu quelque chose comme « sûrement mais pas tout de suite », et puis après je n’ai parlé que de ça pendant 4 mois. Et ce n’est pas grave, ce n’est pas le signe que les millenials n’ont aucune pudeur ni aucun recul, et d’une certaine manière les récits dans l’instantané offrent de beaux cadeaux aussi. Ils sont bruts et intransigeants, ces mots qu’on écrit à peine le cœur écorché, à peine le rire fini de tinter. Ils disent leur propre vérité.
Ces mots, je continuerai de les écrire, pour moi dans mon carnet bleu océan, dans l’intime le plus privé, loin de tous les regards indiscrets. J’aimerais, sans idéaliser ni m’isoler, vivre mes premiers instants de parente dans la tangibilité de mon foyer.