Générosité 2000
Temps de lecture : 6 min
Salut,
Ça fait un an ce mois-ci que j’écris des lettres hebdomadaires, quasiment sans faillir, et que vous les lisez — vous avez le droit de faillir de votre côté, c’est bien naturel. Un an que j’ai mis en place un système d’abonnement payant, au cas où il vous prendrait l’envie saugrenue de me lire plus souvent que [une - deux fois par mois]. Un an qu’Un invincible dimanche est ma deuxième source de revenus stables, avec les ateliers d’écritures pour Six Cent Soixante Simone, qui fêtent leur anniv’ bientôt aussi. Avril, le printemps, le renouveau, les bonnes idées. La neige, cette année, mais j’aime bien ça aussi. Les flocons mouillés mêlés de pluie qui tombent sans discontinuer depuis mon réveil coïncident bien avec la fatigue1 que je ressens ce matin.
(via Taous Merakchi, avec qui je partage donc ce comportement compulsif et égotique. 😌)
Depuis que j’écris sur Internet et que je suis lue, je me demande pourquoi. Qu’est-ce qui fait que ça marche, qu’est-ce qui fait que presque peu importe ce que je raconte, il y a toujours des gens (= vous) pour me lire. Je ne veux jamais me défaire de cet émerveillement naïf. Il est parfois tinté d’un soupçon de mésestime de moi (”Je suis bien trop nulle et inintéressante, ces gens feraient mieux d’aller faire du macramé.”) mais en réalité, à mesure que le temps passe, cet émerveillement révèle surtout la profondeur de ce qu’il est : je reconnais que dans l’immensité vertigineuse des vies que nous menons, où chaque seconde de temps et d’attention est précieuse et comptée, si vous choisissez d’en donner (du temps, de l’attention) à ce que je raconte, c’est que ça doit être un peu bien. Je combats mon syndrome de l’imposteur protégée par le bouclier de ma gratitude et armée de la fervente épée du respect que j’ai pour votre temps : vous ne pouvez pas être 3000 à jeter votre temps par la fenêtre en vous riant de lui.
C’est vrai, vous pourriez faire du macramé, lire des enquêtes importantes sur des sujets de société, cuisiner un gâteau, et peut-être d’ailleurs que vous faites tout ça, mais vous me lisez aussi, et comme j’ai l’audace d’écrire une newsletter quasi-hebdomadaire sans en lire presque aucune de mes comparses en retour (en tout cas, pas avec l’assiduité que j’aimerais)2, je sais, je sais combien ça demande d’attention et de fidélité.
Alors eh bien merci.
Le format de la newsletter, tel que je l’aime et l’investis, est un exercice de l’immédiateté, de l’intime et du général. Un numéro de funambule auquel il est probablement impossible d’être brillant·e à chaque itération, parce que c’est aussi un exercice de la fréquence, et il m’arrive d’écrire une lettre avec fatigue, de la relire pour la mettre en page et de me dire, “Ce n’est pas la meilleure que j’ai écrite”. Bon, je vous rassure (ou pas), j’ai acquis un peu de la confiance en moi de l’homme blanc médiocre, et j’arrive à chaque fois à me dire : c’est le jeu, ma pauvre Lucette. Je passe moins de temps sur une lettre que sur un chapitre d’un livre destiné à être publié, même si le volume final est similaire. Parfois je suis super fière, parfois je me dis “passable”, toujours je publie quand même, toujours le rendez-vous prime, parce que l’acte d’écrire est ici plus important que le perfectionnisme.
Cette newsletter me guérit, me rend moins dure avec moi-même. Pas moins exigeante, pas moins attentive aux détails, j’espère que je ne suis pas en train de vous transmettre l’idée que j’écris cette lettre par-dessus la jambe en me moquant de vous. (C’est tout simplement exactement le contraire.) Mais dans ce format que j’ai mis du temps à apprivoiser, dont j’ai mis du temps à comprendre les enjeux, je retrouve ce qui m’a toujours fait fondamentalement vibrer dans l’écriture sur le web : partager avec simplicité. Souplesse, même. Doutes, craintes, joies, peines, poésies, platitudes, c’est pour moi l’écrit virtuel le plus humain, le plus sincère, le plus généreux — dans les deux sens, dans l’échange.
Pour moi, d’abord, j’avoue je me trouve généreuse de prendre une à deux heures chaque semaine pour vous parler de ce qui me traverse et de faire l’effort de rendre ça intéressant pour vous. Et pour vous, donc, surtout, qui prenez ce temps pour me lire dans le tumulte incroyable de l’existence humaine misérable et merveilleuse. Vous me faites l’immense cadeau de votre attention, parfois de vos réactions, et à l’heure de l’accélération, du scroll et du swipe3, c’est précieux comme un joyau.
Merci beaucoup. Vous ne savez pas combien ça me touche.
À vite alors, et pour longtemps encore j’espère.
Pauline
Les petites infos-abo
Pour vous remercier matériellement, je mets en place une petite promo sur l’abonnement payant. Il y a 20 % de réduction sur la formule mensuelle (5 €/mois → 4 €/mois) et annuelle (45 € → 36 €), et ce pendant tout le moins d’avril, sans lien spécial, juste en vous rendant sur la page d’abonnement.
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Enfin, si vous êtes déjà abonné·e et que votre abonnement expire bientôt : pas de panique, il n’y a pas de reconduction automatique. Vous recevrez un e-mail avant la fin de votre abo pour vous en avertir et qui contiendra en plus un code promo pour 20 % de réduction sur un nouvel abonnement.
Ah pardon, VRAI enfin : sur Instagram je fais gagner 3 abonnements gratuits, filez donc.
Voilà. Merci. Tchuss.
Toute normale, juste le fruit d’une journée de boulot intensive à Paris à quatre mois de grossesse.
Tout comme j’ai l’audace d’accepter joyeusement des participations à mille et un podcasts alors que perso, je n’en écoute vraiment quasiment pas. Tenez, dernièrement j’ai été invitée par Sarah pour Mon post-partum, et par Émilie, pour La Page Blanche. Et quand je vous ai parlé de mon épisode de FAIRE avec Nathalie Sejean, j’ai omis de partager le lien donc hop, triple ration.
Et a-t-on inventé un mot pour le geste qui consiste à double-tap sur la droite d’une vidéo (ou sur la flèche droite du clavier) pour en passer 5 ou 10 secondes à la fois ?