De l'autre côté de la mère (sort le 8 octobre)
De la fiction, des femmes et de nos histoires.
Salut,
Le 8 octobre, dans un mois tout pile, sort De l’autre côté de la mère, mon nouveau, mon troisième roman. Vous pouvez d’ores et déjà : noter la date dans vos petits agendas, en parler à toustes vos ami·es, et appeler votre librairie préféré·e ou cliquer sur ce lien pour le précommander.1 Voilà, maintenant que la page de réclame est terminée, je peux raconter des choses un peu plus intéressantes.

La grande nouvelle
J’ai commencé à écrire ce qui est devenu De l’autre côté de la mère à l’été 2021. Plusieurs fils jouaient avec mon imagination depuis des mois. Une femme de marin, laissée sur le rivage, qui attend. Une jeune femme qui découvre un secret, une trahison. Et une question comme la ligne de basse dans un morceau lancinant (pensez reprise de SOS par Portishead), alors que je peinais depuis plus d’un an à tomber enceinte et que je commençais à me demander si j’avais avorté de ma seule chance d’avoir un enfant en 2018.
Que serais-je devenue, si j’avais eu cet enfant-là ?
Je ne sais plus où j’ai lu, qui a dit, que la fiction pouvait servir à explorer des univers parallèles. Je me suis lancée dans cette histoire exactement comme ça. Je me suis décentrée, bien sûr. Pour travailler, la question est devenue : Qu’est-ce que ça peut faire, à une femme, d’avoir un enfant quand elle n’est pas prête à ça ?
Depuis plusieurs mois, je mâche et rumine des opinions sur la fiction, l’autofiction et la littérature des femmes. D’un côté, je n’ai jamais été crédule des écrivains (souvent des hommes) qui se targuent de tout sortir de leur divine imagination et que rien, absolument rien de leurs livres ne soit tiré de leurs expériences personnelles.
D’un autre, et encore plus en cette rentrée littéraire pleine de récits de famille, d’autofictions introspectives et autres récits ancrés dans le réel, je regrette un peu une fantasmée belle époque du bon gros mensonge. De la sublime illusion. De romans qui n’ont, d’apparence (mais une apparence qui tient bon face au regard scrutateur), rien à voir avec la vie de leurs auteurices.
D’un troisième côté (pourquoi s’arrêter à deux facettes d’une question), les écrivainEs avec l’autofiction2 sont toujours enfermées dans le réel, privées du mot « littérature », ramenées au « témoignage ». On leur retire la reconnaissance du travail qu’est l’écriture. Transformer une idée en récit demande du temps, de la patience, des compétences. Je cite Mathilde Forget :
Quand les femmes écrivent ce n’est pas politique, c’est du témoignage, de l’intime, des petites choses, alors que quand les hommes se lancent dans l’autofiction ils racontent la condition humaine.3
Et me voilà pourtant, incapable de vous parler de la genèse de mon prochain roman sans la rattacher à mon vécu le plus intime. Nous contenons bien sûr des multitudes.
Dans ce qui me pousse à raconter des histoires, il y a le fabuleux mécanisme, de la magie presque, qui permet de passer à une question qui me taraude, moi, à une histoire qui n’a vraiment rien à voir avec ma petite vie bien rangée. Cette magie porte aussi le nom de « temps qui passe », parce qu’en quatre ans depuis les premiers mots jetés dans un carnet jusqu’à ce livre qui n’attend plus que vous, ma vie a suivi sa trajectoire et les personnages du roman la leur. Des univers parallèles.
De l’autre côté de la mère, c’est l’histoire d’une mère qui s’enfuit et de sa fille qui la cherche, vingt-cinq ans plus tard. C’est l’histoire d’une femme qui refuse d’attendre sur le rivage. Ça raconte un secret découvert, un peu d’amour qui fait mal, mais beaucoup d’amour qui répare, aussi. De ma vraie vie, je n’y ai mis sans les altérer que des bouts de paysages qui font partie de moi. Un peu d’Écosse et des Cévennes. Tout le reste n’est que fiction.
J’y tiens, à la fiction. À ce roman, encore plus. C’est la première fois qu’une histoire m’habite aussi longtemps. Quatre ans ce n’est rien du tout, diront bien des écrivain·es, et à l’échelle d’une vie ou de certains romans, ce n’est rien en effet. Pour moi c’est le plus long que j’ai réussi à me concentrer sur une idée, à la filer, sans me lasser, sans la jeter : c’est, en soi, une réussite. C’est le temps qu’il m’a fallu pour me poser une question en forme d’histoire. Et le temps qu’il m’a fallu pour que l’enfant que je n’en pouvais plus d’attendre à l’été 2021 entre en maternelle la semaine dernière.
La vie, quoi. L’écriture et la vie, indissociables, quoi qu’en disent les auteurs prétentieux, quoi que je veuille en penser.
Alors voilà. J’espère que De l’autre côté de la mère saura trouver un chemin, de mon cœur vers le vôtre.
De l’autre côté de la mère sort le 8 octobre aux éditions JC Lattès.
D’autres nouvelles
Des opportunités de se rencontrer cet automne, dont plusieurs restent encore à annoncer. Par souci d’efficacité, je rassemble tout sur cette page de mon blog, n’hésitez pas à la marquer et à la consulter régulièrement. (Par exemple je serai à Bruxelles en octobre et en novembre, quelle chance !) (Pour moi, pour vous, c’est à voir.)
Et si vous avez la flemme de cliquer et que vous êtes lillois·es, je serai en rencontre pour parler de L’autre côté de la mère à la librairie La Lison le 16 octobre à 19h. Réservation conseillée !
J’ai complètement oublié de vous parler ici de mon projet de la rentrée, à savoir l’écriture en direct et en newsletter d’un essai sur le post-partum. Ça s’appelle Une catastrophe naturelle et toutes les informations sont rassemblées sur cette page, la plus importante à communiquer ici étant que c’est payant et qu’il vous reste jusqu’au 21 septembre pour profiter d’un paiement unique de 25€ (au lieu d’un abonnement mensuel à 3€/mois pendant 10 mois).4
Les précommandes, on ne va pas mentir, sont plus utiles aux auteurices qu’aux lecteurices. En gros, elles influencent les décisions des libraires : si vous êtes nombreuxses à précommander un livre, iels vont peut-être en commander un petit stock supplémentaire pour la mise en rayon, puisque ça dénote un intérêt qu’iels n’avaient peut-être pas pressenti. ↩
Ce que n’est pas mon roman, hein, mais ce qu’était peut-être en partie Le renard, bien que j’aie tout fait pour le déguiser le mieux possible, justement pour qu’il reste avant tout une œuvre littéraire. ↩
Dans un entretien avec Pauline Le Gall pour feu Women Who Do Stuff datant de mai 2021, auquel je repense : tout le temps. ↩
Vous pouvez aussi tout simplement vous abonner à la version payante de la présente newsletter et vous recevrez automatiquement tous les chapitres de Une catastrophe naturelle en plus du reste. Bref, c’est expliqué sur le site. ↩