De la peur et de la société
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Salut,
Bon cette fois, je vous promets : pas de politique discours alors que peut-être vous êtes comme moi, en PLS, le ventre noué à pas savoir à quoi vont ressembler les cinq prochaines années. J’écris comme d’habitude ces lignes en avance. Aujourd’hui on est jeudi, on est stressé·es mais pas encore défait·es. Il fait beau et frais, j’attends mes courses (livrées à domicile car j’use et abuse de mes privilèges de femme enceinte). Ensuite j’ai yoga de mamoune, et après, je vais me fendre d’aller jusqu’à la bibliothèque chercher le dernier tome de La Passe-miroir et La parabole du semeur, que j’ai prévu de lire pour préparer les ateliers d’écriture de mai.
Je me suis réveillée avec la migraine, celle qui traînait hier et qui attendait la langueur de la nuit pour déployer ses ailes terribles. J’ai tenté de la vaincre avec une douche brûlante, avec un café serré, avec le vent du matin de printemps. Je la sens qui palpite, derrière l’œil gauche comme souvent, qui me guette. Hier, j’étais abattue de fatigue, et aujourd’hui je décide de n’en avoir cure. Je ne laisserai pas les désagréments de la vie me rouler dessus. J’ai mis ma playlist de Francis Cabrel, observé mon petit chat faire la petite panthère dans le petit jardin, et quand le bébé qui devient à l’intérieur de moi s’est mis à bouger, j’ai souri. (Je ne souris pas toujours, parfois c’est trop étrange ou trop inconfortable pour me submerger d’un bonheur béat.)
En ce moment, je suis dans une question nouvelle. Est-ce que je me prépare assez, assez bien, correctement ? C’est lié, comme on s’en doute, au fait que d’ici quatre mois et demi, je vais traverser un certain miroir moi aussi, et me retrouver dans un monde totalement nouveau, sûrement étranger à tout ce que j’ai connu jusque là. J’étais un peu paniquée de constater qu’arrivée à la moitié de ma grossesse, non seulement je n’ai encore rien acheté pour l’enfant pané, non seulement je n’arrive pas vraiment à lui parler, mais en plus je n’arrive pas à avancer comme je le voudrais sur mes projets d’écriture. En résumé : non seulement je me prépare médiocrement à l’arrivée de l’enfant en ellui-même, mais en plus je me prépare médiocrement à la transformation de ma carrière.