Beaucoup de bruit pour rien (à part l'amour)
Une soirée magique à Londres avec *Much Ado About Nothing* m’a transcendée au-delà des mots.
Salut,
La semaine dernière, je vous racontais combien j’ai marché dans Londres avant de me rendre au Theatre Royal Drury Lane pour voir une pièce de théâtre d’un dramaturge mort depuis des siècles et dont je n’ai cure, motivée par une passion dangereuse pour une misandre. Cette semaine, je vous raconte comment cette expérience hasardeuse m’a transformée au niveau moléculaire.
Difficile, en réalité, de parler de Much Ado About Nothing mis en scène par Jamie Lloyd, avec Tom Hiddleston et Hayley Atwell dans les rôles de Benedick et Beatrice. Je n’y connais rien en théâtre, je n’y connais rien en Shakespeare. Je passe deux heures trente à sourire béatement, quand je ne ris pas aux éclats. Je suis profondément heureuse. Dans une bulle où je ne pense à rien qu’à la joie de ce spectacle où l’on chante, où l’on danse, où l’on rit, où l’on s’aime. Je suis épatée d’y croire autant : j’ai regardé la veille l’adaptation cinématographique réalisée en 1993 par Kenneth Branagh et si j’avais passé un bon moment, je n’avais pas trouvé ce enemies-to-lovers très crédible, ni très touchant. Mais ce soir, j’y crois à fond. Ça tient au talent des comédien·nes (tous·tes sont extrêmement doué·es) tout autant qu’à la mise en scène (radicalement moderne). Mais je crois aussi que ça tient à la joie. On dirait que tout le monde, dans le public mais aussi et surtout sur scène, passe un excellent moment. Tous·tes ensemble·s.
Sur scène il y a certes des stars d’Hollywood et des comédien·nes professionnel·les et dans l’audience, il y a moi, la plus random des random1, mais je découvre que la magie du théâtre, c’est qu’on est ensemble. Ce qui ressemblait à une euphorie de groupie décérébrée revêt, à le vivre, un sens métaphysique : on respire le même air. On partage le même oxygène.