Adieu aux framboisiers
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Salut,
C’est mon dernier week-end dans ma première maison d’adulte. Comme Taous (dont j’adore le Patreon, et nos aventures similaires en ce moment me font sourire), je fais mes adieux à un lieu qui m’a vue, en dix ans, devenir.
Je suis le nez dans mes cartons, je remue la poussière, déterre des trésors ou des immondices, effectuant un travail de tri gargantuesque, même si je me pensais peu accumulatrice, peu sentimentale. Dix ans, de vie commune qui plus est, ça en fait – de la vie, du bordel, du surplus, de l’essentiel. J’ai l’impression que ce sont mes vrais derniers jours dans la tempête, parce que ce sont les derniers sans les clés du prochain logis, et qu’ensuite on va aller peindre, réparer, puis emménager, et après c’en sera fait, de ces 36 m² de notre existence qu’on emballe consciencieusement depuis quelques jours seulement. Tout est allé si vite.
Chaque journée majoritairement dédiée aux cartons me laisse un peu vidée, un peu déprimée. Ma copine Anaïs me demande si c’est parce que c’est difficile, d’emballer toutes ces émotions, et je réponds que non, parce que je pense que c’est vrai. Je suis contente de trier, de m’alléger, contente d’envisager les nouvelles places que prendront les anciens objets, quels nouveaux systèmes vont être trouvés. Je jette le cœur léger : tout ce qui nous suit est aimé, nous ressemble, porte notre histoire. Pourtant, je ne m’explique pas trop pourquoi précisément, quand je décroche la déco murale, là je ressens un vrai pincement. Ça va nous suivre aussi, différemment, je ne sais pas encore où tout sera fixé à nouveau, mais tout est à notre image encore, ces photos imprimées, ces tableaux offerts par des proches, ces œuvres d’art achetées à des artistes qu’on adore. Des oiseaux, des dorures, des animaux, des souvenirs.