24 livres, une série et une autrice
À boire et à manger n°3 : décembre 2022
Salut,
Ce mois-ci j’ai eu 27 ans pour la dernière fois, j’ai eu besoin de faire de la place pour moi, et ça s’est traduit par : une série, Ursula, envie de fabriquer.
Je ne savais pas que Carmen était un prénom unisexe.
J’ai bingé The Bear (Disney+) après tout le monde quand j’ai compris que les siestes de mon enfant pouvaient aussi être utilisées à cet escient. Ça faisait longtemps que je n’avais pas été happée par une fiction audiovisuelle comme ça. Je suis très friande de cooking shows et j’ai beaucoup aimé la manière de filmer la nourriture (même si c’est pas du tout veggie friendly) et la vie dans une cuisine. J’ai beaucoup aimé la vulnérabilité aussi, du personnage principal – Carmen, donc – et de son « cousin » Richie. Deux vulnérabilités différentes, qui s’inscrivent toutes les deux dans une forme assez traditionnelle de masculinité. Beaucoup de silences. Je reste marquée par deux scènes : l’une où Richie parle à sa fille au téléphone, l’autre où Carmen parle à sa sœur sur le sol du bureau du restaurant. La première m’a enfin fait entrer en empathie avec le personnage de Richie, qui a pourtant tout pour me déplaire. Je me suis dit « okay, il est un homme de son milieu, de son époque, avec ses travers, mais au moins, il a l’air d’être un père vraiment là », et il y a un truc qui me bouleverse chez les pères vraiment là. (La faute au mien, qui est vraiment là, tout le temps, et ptet à celui de ma fille, aussi, maintenant.) La seconde montre une manière vraiment brute pour un homme de parler de ses émotions et justement de ses limites. On n’arrivera sûrement pas à libérer tous les hommes de la prison émotionnelle dans laquelle ils ont été élevés, mais apprendre à mettre des mots dessus, c’est déjà quelque chose de précieux, et d’encore trop rare. Bref, j’ai aimé The Bear.