"Touchez de l'herbe", comme disent les jeunes
En bonus : une délicieuse histoire de falafel.
Salut,
Comme je le disais je ne sais plus trop quand, j’ai décidé pour ces recommandations sensible-culturelles d’essayer d’adopter une approche un peu plus lente et consciente. De vous recommander ce qui m’a marqué sur la durée, en tentant de respecter le principe proposé par Nathalie Sejean dans le Discord Circulation : attendre un mois avant de partager, histoire d’être sûre que l’impression est tenace, et avoir le temps peut-être aussi de formuler une opinion par-delà le coup de cœur immédiat.
J’ai donc profité d’août sans circulation pour faire le plein et... non, je rigole. Je n’ai pas une brassée de trucs dingues à partager, en fait, parce que :
- J’ai surtout lu et vu des romcoms et j’ai partagé mon best-of dans la lettre bonus de fin août
- Et sinon, j’ai fait l’expérience de plein de choses difficiles à recommander, de l’ordre des expériences de vie minuscules un peu gnangnan : prendre le temps, regarder la forme des nuages, ce genre de conneries délicieuses
Mais on en reparlera. Je ne viens quand même pas les mains totalement vides.
📺 La série Station Eleven
Dans la première lettre bonus de cette nouvelle page de la newsletter, j’ai partagé avec vous mon amour pour le roman d’Emily St. John Mandel. Je disais qu’une série en avait été tirée, mais que je ne l’avais pas vue. C’est chose faite et je peux vous la recommander avec cinq mille étoiles, deux cent cœurs dans les yeux.
C’est une adaptation qui prend pas mal de libertés avec le matériau de base, mais avec la bénédiction et même la participation de son autrice, ce qui donne un résultat cohérent et fidèle. Station Eleven le livre est sorti bien avant le Covid, et la série juste après. On sent qu’il y a eu une réflexion de l’ordre de : « quelle histoire on a envie de raconter, maintenant qu’on sait ce que ça peut faire, une pandémie dans notre société ? ». Du coup, c’est moins centré sur l’importance de l’art, et un peu (beaucoup) plus sur l’importance des relations interpersonnelles.
C’est infiniment triste, mais aussi très beau, et lumineux, et j’ai pleuré à chaque épisode, des larmes différentes mais toujours profondes. Clairement, mon âme a été touchée. Je vous souhaite cette expérience aussi.
🗞️ Pour aller plus loin, si vous avez lu et vu Station Eleven (ou si vous vous en fichez d’être spoilé·e) : cet article sur les partis pris de l’adaptation, dans le contexte de l’époque.
🍃 Respirer le parfum des fleurs, etc.
En août, j’ai été obligée de vivre au rythme d’une enfant de deux ans. Beaucoup d’énergie mais une vitesse quand même différente. Aller à la Poste a soudain revêtu le caractère sacré d’une procession. Prêter attention à toutes les plantes qui poussent entre les fissures du trottoir. Grimper sur tous les perrons en chemin. Sortir sauter dans les flaques sous l’averse. Tout plaquer pour suivre le vol d’une abeille entre les fleurs de trèfles. Compter les pies dans l’herbe.
C’est peut-être pour ça que la rentrée me roule autant dessus, soudain le rythme reprend son cours adulte. On a remis le réveil, on n’a plus le temps, il faut respecter les horaires, il faut, d’ailleurs, juste. C’était pas mal, de vivre au tempo de l’enfance. Je pensais que j’étais fortiche en ralentissements, en observations yeux grands ouverts devant la beauté de la vie, mais à cette discipline, ma fille me bat à plate couture.
L’automne arrive, il fait cette semaine déjà plus frais, le temps surprend – une pluie drue sur la moitié du parc, un grand rayon de soleil sur l’autre – et il fait de nouveau presque nuit quand on sort du lit. J’aimerais bien ne pas tout à fait perdre ce sens de l’observation que j’ai musclé aux côtés de l’enfant. Et vous, qu’est-ce que vous avez pris le temps d’observer cet été ?
🥙 Une histoire de falafel
Pas plus tard qu’hier, j’étais dans le centre-ville et il faisait un temps radieux, je portais ma veste préférée, c’était comme être dans Emily in Lille. J’étais venue faire quelques courses qui s’étaient toutes révélées infructueuses, il était bien 12h27 donc j’avais faim. Et puisque je n’avais pas dépensé l’argent que j’avais prévu de dépenser, je me suis dit que j’allais faire un truc que je n’ai pas fait depuis longtemps : m’arrêter un peu hasard et commander un sandwich à emporter dans un endroit jamais testé.
Je suis rentrée dans un bar et j’ai pris un sandwich pita falafel. Le mec qui m’a servi était très sympa sans donner aucune vibe creepy, ce qui n’est pas toujours donné quand on est une femme seule dans un bar vide. J’ai attendu cinq minutes, il m’a tendu ma commande (« attention à la fourchette là »), merci bonne journée au revoir. Je sors, j’entame mon festin.
C’est juste : le MEILLEUR sandwich DE MA VIE.
Tout est parfait : les falafel généreux, pleins de persil, les légumes en pickles ou frais, la sauce piquante, le pain moelleux... Je regrette de ne pas avoir pris de frites, mais en même temps ce sandwich-là, est parfait tel qu’il est. Je tombe un peu amoureuse ? Un peu. Je retire un plaisir régressif à me foutre un peu de sauce partout parce que le plus important, ce n’est pas de manger proprement, c’est de tout manger et de me délecter. Ne pas en perdre une miette.
Je marche en direction de la Grand-Place pour m’assoir à l’ombre de la fontaine – set-up parfait, il n’y a pas grand-monde, à côté de moi un enfant joue devant ses parents qui sourient, encore une fois une scène digne d’une série feel-good. Quand soudain, HORREUR, MALHEUR, je fais tomber le dernier morceau de falafel.
Je contemple quelques secondes l’idée de le ramasser ni vu ni connu, parce qu’avoir gâché le dernier morceau du meilleur falafel de ma vie me brise le cœur. C’est à deux doigts de gâcher le moment, même. Sauf que bon, je suis pas un doberman et le sol est vraiment crade. C’est un petit deuil, je vous le dis tel quel. Heureusement qu’il reste des tomates et du pain tout chaud.
Je me résigne, je croque, et là, SURPRISE.
Il restait un dernier falafel dans le pain !!
J’étais si heureuse.
📍 Le sandwich magique est au Bar Parallèle, rue Lepelletier à Lille.
Sur ces entrefaites, j’espère que vous allez bien et je vous dis à la semaine prochaine. Prenez bien soin de vous.
Pauline